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Déc 2, 2016

L'art du bijoutier

La confrontation directe avec le métal influe le sens de la créativité. En le travaillant, on se rend compte que c’est un matériau vivant : cela modifie constamment le regard que l’on porte sur le résultat, la manière d’aborder les réalisations. Cela nous oblige constamment à chercher d’autres voies, à tenter des expériences et à nourrir la réflexion et le geste.

Artisan était au départ un mot noble issu directement du latin ars, artis. Artisan et artiste ont d’ailleurs longtemps été des synonymes. Le XVIIIème siècle avec l’essor de l’industrialisation va les différencier en associant l’artisan à un métier à caractère utilitaire et commercial. L’artiste sera dorénavant celui qui crée non pour vendre, mais pour son seul plaisir. Cette émancipation de la nécessité lui vaut titre de noblesse et relègue l’artisan au rang de tâcheron, malgré son savoir et son habileté.
La taylorisation et la marche incessante du progrès –qui n’est autre que la logique d’argent qui pousse sans cesse à plus de productivité et d’efficacité- va encore accélérer le processus au XXème siècle.
Le découpage du travail aboutit à terme à la déqualification des métiers, morcelés en de petits sous-métiers qui demandent moins de maîtrise.
De la même façon, on a substitué la logique d’observation et de connaissance de la matière (ce qu’on appelle parfois son « âme »), à une approche fonctionnelle, calibrée, quantifiée, qui peut se plier aux processus de l’industrialisation. Moins de temps de fabrication assure une rentabilité maximale.
C’est ainsi que l’on a perdu progressivement au cours du XXème siècle des pans entiers de savoir millénaire au nom du progrès et de la science. Parfois, d’ailleurs, on commence à faire des pas en arrière … Je pense entre autre à la logique délirante de l’agriculture extensive et de l’élevage industriel !
La bijouterie a commencé également à emprunter ces chemins qui privilégient la rentabilité. Le bijou est-il un objet de luxe destiné à quelques-uns ou doit–il être accessible à tous ? Je ne vais pas entrer dans un débat philosophique qui dépasse largement le cadre de ce billet.
S’ouvrir à tous, c’est se donner les moyens de vendre beaucoup. Mais il faut des produits accessibles : cela implique de fabriquer en série et pour diminuer les coûts de main d’œuvre, faire fabriquer à l’étranger.
Il faut substituer au polissage qui demande beaucoup de temps et de savoir-faire, un procédé moins coûteux : c’est le rhodiage ! On donne du brillant en recouvrant le métal par électrolyse d’une fine couche d’un métal étranger, le rhodium. Employé par presque toutes les marques comme le nec plus ultra, il n’est que le cache misère d’un travail inabouti.
Les grandes marques de luxe ont compris que le profit passe par l’ouverture à une clientèle moyen de gamme, et se sont mis à faire des bijoux de série avec des critères au rabais, mais qui profitent de la notoriété de leur image. On a ainsi des productions à plusieurs niveaux de qualité qui entretiennent une confusion, notamment concernant les bijoux en argent.
Nos bijoux entièrement fabriqués en France dans notre atelier, cherchent à restituer la noblesse de ce qu’est l’artisanat à l’origine : un savoir-faire respectueux de la matière et donc de nos clients à qui nous nous efforçons de procurer sans cesse le meilleur.

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